La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est parfois considérée comme une simple posture de communication. Funeste erreur ! Pour agir comme un véritable levier de transformation durable des organisations, elle ne doit pas être cantonnée à cette fonction, nécessaire mais très insuffisante. Elle doit au contraire impliquer toutes les fonctions de l’entreprise. C’est pourquoi on parle de plus en plus de RSE intégrée. Retour sur cette évolution et ses conséquences (positives).
Quel est le point commun entre une politique salariale équitable, le respect des délais de paiement de ses fournisseurs, une offre de covoiturage pour ses salariés et un système de parrainage de jeunes entrepreneurs ? A priori aucun. Et pourtant, ces différentes initiatives relèvent toutes d’une stratégie RSE. La fameuse responsabilité sociétale des entreprises, tout le monde en parle désormais, sans toujours savoir ce qu’elle recouvre précisément. Apparue dès la fin des années 50 aux Etats-Unis, pour examiner les relations entre entreprises et actionnaires, elle a été définie par la Commission européenne comme « la responsabilité des entreprises vis à vis des effets qu’elles exercent sur la société ». Une acception volontairement englobante, qui se prête à de multiples déclinaisons.
Publiée en 2010, la norme de référence ISO 26000 a apporté un cadre de référence pour les organisations souhaitant prendre davantage en compte leurs impacts sociaux et environnementaux. Cependant, on constate que dans les années 2010, la RSE se limitait fréquemment à une démarche secondaire, plus associée à la communication qu’à la stratégie d’entreprise stricto sensu. C’est l’époque où les grands groupes, notamment, multipliaient les initiatives à travers leurs fondations pour soutenir des projets parallèles, à vocation humanitaire ou culturelle, mais sans véritablement questionner le sens de leurs activités ou leurs pratiques internes.
Habitudes bousculées
Or c’est seulement lorsqu’elle devient une démarche intégrée, présente à tous les niveaux de l’entreprise – la direction générale, mais aussi les services supports, la production, les forces de ventes, etc.- que la RSE peut agir comme un réel levier de transformation. Et les trois exemples cités en ouverture de cet article sont autant de pièces de puzzle, qui une fois assemblées, révèlent la cohérence d’une démarche stratégique globale. Trop souvent cantonnée dans la seule et réductrice dimension environnementale –tri sélectif des déchets, réduction de l’empreinte carbone- la RSE ne doit pas oublier d’intégrer une dimension sociale liée aux conditions de travail, à la juste rémunération des parties prenantes, etc.
Depuis 2017, la loi prévoit d’ailleurs que les entreprises doivent désormais établir une déclaration de performance extra-financière, qui remplace le rapport RSE. Cette obligation de reporting est adressée aux sociétés cotées de plus de 500 salariés qui présentent un bilan qui dépasse 20 millions d’euros ou un chiffre d’affaires supérieur à 40 M€ ainsi que les sociétés non cotées de plus de 500 salariés avec un total de bilan ou de chiffre d’affaires supérieur à 100 M€. Mais quelque soit la taille de l’entreprise, il est possible de mesurer cette démarche RSE et lorsque ce rapport ne fait qu’un avec le rapport d’activité traditionnel de la société, c’est plutôt bon signe !
« La RSE doit nourrir une vision stratégique incarnée par la direction générale de l’entreprise »
Évidemment, cette approche intégrée vient bousculer les habitudes et réinterroger les pratiques managériales. C’est en cela que la RSE doit nourrir une vision stratégique incarnée par la direction générale de l’entreprise. Si les dirigeants ne sont pas eux-mêmes convaincus de la démarche, il y a fort à parier qu’elle restera lettre morte. Pour autant, ce portage au sommet sera sans grand effet sans une réelle appropriation par toutes les parties prenantes de l’entreprise : les salariés, à tous les niveaux hiérarchiques, et leurs représentants, mais aussi les fournisseurs, les clients, les partenaires financiers et actionnaires…
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