En annonçant le 20 mai sa volonté de faire de Danone la première Entreprise à Mission française cotée en bourse, son PDG Emmanuel Faber adresse un signal fort au marché. Ce cadre juridique permis par la loi PACTE permet au géant de l’alimentaire de se doter de nouvelles modalités de gouvernance pour suivre ses engagements en matière de RSE. De quoi, peut-être, susciter des émules, et pas seulement au sein des sociétés du CAC 40.
Voilà déjà plusieurs mois qu’Emmanuel Faber, le PDG de Danone, fait entendre un discours engagé qui tranche avec le conformisme ambiant du monde des affaires. Au cœur de la crise du Covid-19, il a notamment défendu avec vigueur la nécessité de rompre avec le « Business as Usual » pour inventer le monde d’après. Le patron du géant français de l’alimentaire a franchi une nouvelle étape la semaine dernière. Le 20 mai, le groupe a annoncé son intention de proposer à l’assemblée générale des actionnaires, le 26 juin, de se doter du statut d’Entreprise à Mission. Une première pour une entreprise cotée du Cac 40, qui emploie 100.000 salariés et réalise plus de 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans les produits laitiers et d’origine végétale, la nutrition spécialisée et les eaux.
Feuille de route et progrès
Cet engagement, permis par la loi PACTE de 2019, implique l’adoption de nouvelles modalités de gouvernance afin de contrôler le suivi des objectifs sociétaux et environnementaux de l’entreprise. Au cœur de cette démarche, Danone place évidemment la raison d’être qu’il a définie dès 2005 : « apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre ». En devenant, demain, Entreprise à Mission, Danone franchit un pas important puisque cette raison d’être lui sera désormais juridiquement opposable, et notamment par les actionnaires eux-mêmes.
« Les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux fixés pour la mission seront vérifiés par un organisme tiers indépendant et supervisés par un Comité de Mission créé à cet effet, qui regroupera environ une dizaine d’experts éminents et qualifiés, issus notamment d’organisations non-gouvernementales et internationales, nommés par le Conseil d’Administration. Le Comité de Mission examinera et discutera la feuille de route et les progrès de l’entreprise notamment sur des sujets tels que la santé et la nutrition, l’eau, l’agriculture, la biodiversité, les emballages, l’innovation sociale, les enjeux humains et sociaux », détaille le groupe dans un communiqué.
Ce faisant, le groupe tricolore considère placer ses pas dans ceux de son fondateur Antoine Riboud, qui dès 1972, aux assises nationales du patronat français à Marseille, avait exprimé avec une vigueur prémonitoire à l’époque la nécessité de défendre un double projet économique et social pour Danone. Avec, souligne le groupe, « la conviction que l’engagement auprès de l’ensemble des parties prenantes crée davantage de valeur pour tous, y compris les actionnaires ».
Toutes ces initiatives, même si elles sont en germe depuis longtemps au sein du groupe, revêtent un caractère particulier en cette période de crise sanitaire et économique.
Parallèlement, Danone annonce son intention d’obtenir la certification BCorp pour l’ensemble de ses activités mondiales, suivant ainsi la voie tracée par sa filiale américaine Danone North America, devenue la plus grande Public Benefit Corporation au monde.
Toutes ces initiatives, même si elles sont en germe depuis longtemps au sein du groupe, revêtent un caractère particulier en cette période de crise sanitaire et économique. C’est précisément en raison de ce tempo particulier que l’annonce faite par Danone reçoit un écho inédit qui dépasse largement les cercles habituels de la finance et du CAC40. D’une certaine manière, Emmanuel Faber dit « chiche ! » et entend montrer qu’un groupe international de cette dimension a un rôle sociétal majeur, à travers son activité qui touche aux besoins humains essentiels et se décline dans 120 pays.
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