C’est l’une des propositions phares de la Convention citoyenne pour le climat, qui vient de boucler ses travaux. Engager un plan d’ampleur de rénovation énergétique des bâtiments permettrait de réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre tout en améliorant le quotidien de nombreux concitoyens, et en soutenant le carnet de commandes de toute une filière. Les professionnels du bâtiment réclament des mesures simples et lisibles, à l’image de Marie-Laure Le Priol, la dirigeante d’une PME de couverture morbihannaise, que nous avons récemment rencontrés pour l’Interview RSE de Bàm !
Sans surprise, la rénovation énergétique des bâtiments figure parmi les mesures phares proposée au gouvernement par la Convention citoyenne pour le climat pour « atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale ». Les 150 citoyens tirés au sort ont, neuf mois durant, planché sur des propositions concrètes qui ont été validé ce week-end et seront présentés au président de la République dans quelques jours. Si la réduction de la limitation de vitesse à 110 km/h sur autoroute risque de faire klaxonner le lobby automobile, en dépit de son indéniable effet sur la pollution atmosphérique (et la sécurité routière), la question de la lutte contre les passoires thermiques semble faire consensus. D’autant que le secteur du BTP milite depuis de longues années déjà en faveur d’un plan d’envergure qui permettrait d’améliorer la performance énergétique des bâtiments existants, car les solutions techniques existent et sont bien connues des professionnels : isolation des combles, isolation par l’extérieur, remplacement des huisseries… La palette est vaste, et les budgets variables, de quelques dizaines à plusieurs centaines d’euros le mètre carré, selon les techniques utilisées.
Double peine et inégalités
De quoi parle-t-on, au juste ? De près de 7 millions de logements et bureaux mal isolés en France, responsables à eux seuls de 16% des émissions de gaz à effet de serre dans l’Hexagone. Selon les chiffres officiels, 14% des Français ont « froid dans leur logement ». Avec une double peine aisément compréhensible sur un plan économique : ce sont les ménages les plus fragiles qui dépensent en proportion le plus pour se chauffer, sans toutefois obtenir un résultat satisfaisant. Comment en est-on arrivé là ? Les causes sont anciennes et bien identifiées : dans les années 60 et 70, époque de la construction des grands ensembles, « les systèmes constructifs », comme disent les spécialistes, ont privilégié la quantité à la qualité, avec des solutions préfabriquées souvent peu regardantes sur les qualités d’isolation, d’autant qu’à l’époque, avant le choc pétrolier, le coût de l’énergie ne faisait pas vraiment débat. Les matériaux utilisés comme les techniques de construction privilégiaient la rapidité, moins la durabilité.
Gare aux arnaques
Mais en un demi-siècle, le monde a changé. Les questions environnementales occupent à présent le devant de la scène. Et le sujet n’est pas vraiment nouveau. Un énième « plan de rénovation énergétique des bâtiments » a été lancé en 2017 par les pouvoirs publics, avec une enveloppe de 14 milliards d’euros annoncée d’ici à la fin du quinquennat sous la formes de soutien public à l’investissement et de primes. Mais le dispositif n’est pas exempt de critiques, et le scandale de « l’isolation à 1 euro » a causé un réel tort à la démarche, en favorisant la multiplication de chantiers bâclés réalisés par des entrepreneurs peu scrupuleux, le tout au frais du contribuable. Il y a donc urgence à relancer les travaux de manière coordonnée et vérifiée, pour éviter les arnaques et les déceptions. C’est d’ailleurs ce que réclament les professionnels du bâtiment, conscients que ce marché de la rénovation pourrait alimenter leurs carnets de commandes pour de nombreuses années, et les aider à surmonter les aléas conjoncturels de la construction neuve, par essence cyclique, comme l’a montré l’arrêt brutal des chantiers avec le confinement lié au Covid. « On fait du bricolage depuis des années en France sur la rénovation énergétique, avec des aides illisibles pour le client », dénonce ainsi Stéphane Le Teuff, le nouveau président de la FFB Bretagne, qui réclame l’adoption d’une stratégie plus ambitieuse. Dans cette région, comme ailleurs en France, le compte n’y est pas : alors que l’objectif était de rénover 40.000 logements par an en Bretagne, à peine la moitié est réalisée au rythme actuel.
Rénovation obligatoire
Pour les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat, pourtant, cette piste mérite d’être suivie : ils ont ainsi voté à 87,5% en faveur d’une proposition visant à « rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici à 2040 ». « Notre ambition est de passer d’une rénovation par petits gestes et à petits pas, à une rénovation globale (toit, isolation, fenêtre, chauffage et ventilation mécanique contrôlée [VMC]), en multipliant par trois le rythme des rénovations dans un souci de justice sociale », souligne le rapport de la Convention citoyenne, chiffres à l’appui. « Cela représente environ 20 millions de logements à rénover de façon globale dont environ 5 millions de passoires thermiques, des bâtiments tertiaires et publics d’ici à 2030. Outre ses effets sur le climat, ce grand chantier national est créateur d’emplois, réduit la facture énergétique, améliore le confort des logements (au-delà de la consommation énergétique) et réduit les dépenses de santé », peut-on lire sous la plume du rapporteur de la Convention.
« Il faut revaloriser l’existant, c’est un enjeu essentiel pour la préservation de notre patrimoine ». Marie-Laure Le Priol, présidente de la FFB 56
Ces orientations sont souhaitées par de nombreux professionnels du bâtiment, à l’instar de Marie-Laure Le Priol, qui dirige l’entreprise de couverture éponyme fondée par son père, à Pontivy dans le Morbihan. Avec Anne-Laure Simon, codirigeante et experte RSE de l’Agence Déclic, nous sommes allés à sa rencontre dans le dernier épisode du podcast BàM .
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