L’engagement de tous fait recette

L’engagement de tous fait recette

C’est un baromètre fiable de l’engagement pour les causes environnementales en Bretagne. Pour leur 14e édition, les Trophées bretons du développement durable mettent en avant de nombreuses initiatives à forte dimension sociétale, et pas seulement écologique. Une évolution qui traduit un engagement territorial et solidaire croissant.

C’est une liste à la Prévert qui en dit long sur son époque : des livres et des jouets recyclés, de la couture responsable, de l’eau de source préservée et des produits de la mer valorisés, de la mobilité décarbonée et de la cuisine solidaire, une maison de l’enfance éco-construite… Le point commun de tous ces projets, qui reflètent à leur manière les engagements de celles et ceux qui font bouger les lignes de la solidarité et de l’écologie en Bretagne ? Ce sont les huit lauréats des Trophées bretons du développement durable, décernés ce 22 septembre par l’Ademe, L’Etat et la Région Bretagne. Pour cette quatorzième édition, forcément bousculée par la crise du Covid, la remise des trophées a eu lieu en ligne et sans public. Cette année, comme un clin d’œil à la situation sanitaire, elle a été organisée dans le cadre des rencontres régionales Santé-Environnement, qui visent à faire le lien entre ces deux thématiques fortement dépendantes. Mais si la forme a –un peu- changé, l’esprit de l’événement, lui, demeure : il s’agit toujours de saluer l’engagement d’acteurs privés, publics, associatifs ou de professionnels de l’enseignement, en faveur du développement durable. Alors que les premières éditions distinguaient surtout des projets à vocation écologique et environnementale (protection de la nature, traitement de l’eau, alimentation bio…), depuis deux ou trois ans, le palmarès fait la part belle à des initiatives sociétales et solidaires. En cela, les Trophées reflètent bien l’esprit du moment.

 Chantiers d’insertion

Prenez l’association Ti Jouets, à la Roche Maurice (Finistère), lauréate dans sa catégorie : elle propose de recycler des jeux et jouets tout en créant des emplois pour des personnes en situation de grande précarité. Démarche unique en Bretagne, elle cherche à présent à faire des émules en multipliant les chantiers d’insertion : « L’histoire de Ti Jouets s’appuie sur un modèle d’économie circulaire, au service des personnes, de l’environnement et de la société, en phase avec nos valeurs », résume sa cofondatrice Marjorie Grégoire, qui compte sur ce coup de projecteur pour susciter des vocations et ouvrir de nouveaux points de collecte.

Des valeurs que l’on retrouve aussi chez le lauréat du prix « Ensemble », qui a obtenu le prix spécial du jury : Les cuisiniers solidaires, à Vannes (Morbihan), préparent des denrées « sauvées du gaspillage », tout en favorisant la rencontre et la mixité sociale. « « Cuisine participative, anti-gaspillage et bonne humeur garantie sont les engagements de l’association. Il s’agit avant tout de permettre aux plus précaires de se nourrir correctement », souligne Akim Khounchef, son fondateur.

 Invendus valorisés

Des préoccupations partagées par Le panier de la mer, lauréat dans la catégorie « alimentation ». Depuis 2004, cette structure unique en Europe fait rimer poisson et insertion. Elle transforme et valorise les invendus de criée, pour les distribuer dans les réseaux d’aide alimentaire. Elle a ainsi permis de sauver près de 3000 tonnes de produits de la mer en dix ans, et forme chaque année plus d’une centaine de salariés en insertion dans ses ateliers. « Ce réseau national ne cesse de se développer », confie Marianne Storogenko, la présidente de cette fédération qui ne manque pas de projets pour la suite, avec, à l’étude, une installation à Rungis et le lancement d’un financement participatif…

Recycler, c’est aussi le credo de Book Hémisphères, qui a reçu le Trophée dans la catégorie « Entreprises » pour son action en faveur de la collecte de livres de seconde main. En dix ans, l’ancienne petite association locale a fait du chemin. Elle a récupéré 4,5 millions de livres depuis sa création, et s’est transformée en société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), employant 19 salariés, dont 10 en insertion. « Nous accueillons des personnes qui n’ont pas travaillé depuis longtemps, pour des contrats de 6 mois renouvelables. Elles bénéficient d’un accompagnement sur mesure avec une professionnelle de l’insertion. C’est un vrai tremplin vers un emploi », souligne Laure Le Maréchal, directrice administrative de Book Hémisphères. À noter que cette initiative avait déjà reçu un Trophée en 2011, et qu’elle cherche à présent à développer son activité vers d’autres produits culturels.

« Tout est réutilisé pour créer, par exemple, des lingettes démaquillantes ou des éponges tawashi… On montre ainsi que l’on peut faire autrement que la « fast fashion » : on achète puis on jette ».

Décidément, le réemploi a le vent en poupe et c’est aussi ce que propose le lycée professionnel Louis Armand à Locminé. Cet établissement morbihannais forme ses élèves à la « couture responsable » : « En agissant pour la couture responsable (Recycler, Réutiliser, Customiser et Upcycler), la filière mode de notre lycée prolonge l’usage de tissus et vêtements usagés, tend vers le zéro déchet et limite donc son impact énergétique. Nos ateliers ne génèrent quasiment plus de déchets : tout est réutilisé pour créer, par exemple, des lingettes démaquillantes ou des éponges tawashi… On montre ainsi que l’on peut faire autrement que la « fast fashion » : on achète puis on jette », explique Cécile Pouliquen, documentaliste du lycée qui a porté la candidature du lycée Louis Armand aux Trophées bretons du développement durable.

 Santé et environnement

Trois autres trophées ont été remis dans le cadre de cette 14e édition. Le collectif Eau du Bassin rennais a été distingué dans la catégorie « acteurs publics » pour son initiative « Terres de Sources » visant à mettre en œuvre les principes de l’alimentation responsable sur les territoires en préservant la ressource en eau et en encourageant les bonnes pratiques agricoles. « Terre de sources propose ainsi aux agriculteurs de nouveaux débouchés en valorisant leurs produits », souligne Yannick Nadesan, président d’Eau du Bassin Rennais.

Le sujet des mobilités (elles aussi solidaires) n’a pas non plus été oublié dans l’édition 2020 des Trophées, avec un coup de chapeau adressé à l’initiative de Lannion Trégor communauté. La collectivité costarmoricaine met à disposition des scooters électriques pour l’insertion et déploie une solution de covoiturage domicile-travail interentreprises à l’échelle d’un parc d’activités. De quoi, peut-être inspirer d’autres territoires.

Enfin, le lien entre la santé et l’environnement a été salué au travers du Trophée remis par l’Agence régionale de santé à la Canopée, la maison de l’enfance et des services à Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine), un bâtiment éco-construit dont les usages sont mutualisés. « C’est la reconnaissance d’un travail collectif qui trace le sillon de la transition écologique en milieu rural », se félicite Murielle Douté-Bouton, maire de Plélan-le-Grand.

Toutes ces initiatives dessinent une cartographie concrète de l’engagement citoyen et entrepreneurial à l’échelle d’un territoire. La reconnaissance, depuis 14 ans, de cette dynamique régionale permet de tisser des liens entre les acteurs publics et privésse mobilisant pour un même modèle de développement solidaire et durable. Les Trophées Bretons du Développement Durable permettent de rendre visible et partager des solutions porteuses de sens, au plus près des besoins. Dans une logique de journalisme de solutions, nous nous faisons l’écho de ces initiatives multi-acteurs qui nous inspirent et montrent qu’entreprendre de manière durable, c’est non seulement souhaitable, mais surtout possible, dès aujourd’hui !

Xavier Debontride

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